2022, est-elle l'année de la voiture solaire ?
Alors que la transition vers les véhicules électriques semble s’accélérer, plusieurs modèles de voitures rechargeables au soleil vont arriver sur le marché en fin d’année. Gadgets anecdotiques ou vraies solutions ? Sur le papier, l’idée d’une « voiture solaire » peut faire sourire. On sait que les panneaux photovoltaïques actuels pour l’habitat affichent une efficacité de 20 à 25 % (c'est-à-dire que 75 à 80% de l’énergie solaire n’est pas convertie en électricité). Pour les objets portables, on sait aussi que la recharge au soleil est lente : il existe une multitude de panneaux solaires pliables, powerbanks et autres sacs à dos équipés de cellules photovoltaïques mais, dans tous les cas, recharger un simple smartphone au soleil nécessite plusieurs heures.
Enfin, il paraît difficile d’imaginer une voiture pouvant tirer parti d’une énergie qui, par essence, fluctue fortement selon les endroits et les saisons. Autant dire que le principe de voiture solaire n’est pas un pari gagné d’avance...Pourtant, plusieurs constructeurs, dans plusieurs pays, s’apprêtent à lancer sur le marché des véhicules 100% électriques rechargeables au soleil, de toutes tailles et dans des gammes de prix variées.Aux Pays-Bas, Lightyear développe depuis 2016 sa « Lightyear One », un « véhicule électrique solaire à forte autonomie conçu pour être indépendant du réseau électrique », et confirme sa livraison pour fin 2021. La voiture est une luxueuse berline, vendue 150 000 € HT, dont toit et capot son recouverts de cellules photovoltaïques. Mi-mars 2021, l’entreprise réalisait une nouvelle levée de fonds, de 48 millions de dollars, notamment destinée à développer un autre modèle solaire, plus « grand public ».
Aux Etats-Unis, Aptera vient également de bénéficier d’une injection de capital de 4 millions de dollars, et assurait en février dernier avoir engrangé plus de 7000 précommandes pour son petit véhicule solaire, qui devrait être lui aussi produit d'ici la fin de l'année. La voiture au look futuriste, à deux places et trois roues, est proposée à partir de 21 900 € (de 25 900 à 44 900 $, selon les configurations). En Allemagne, Sono Motors a pris du retard (notamment à cause de la pandémie Covid) pour la sortie de sa Sono Sion , prévue en 2022 : un petit monospace à l’équipement dépouillé, commercialisé à 25 000 € et presque intégralement recouvert de cellules solaires. Des dires du constructeur, le véhicule devrait servir à recharger d’autres véhicules, et ses batteries se rechargeront au soleil même quand elle roule. Après avoir levé 53 millions d’euros en 2020, l’entreprise chercherait actuellement à s’introduire en bourse aux Etats-Unis, selon l’agence Reuters. De nouveaux acteurs apparaissent, comme Squad Mobility , fondé par d’anciens responsables de Lightyear pour développer un petit véhicule urbain et solaire.
Le premier modèle, Squad, est une micro-citadine électrique à deux places, limitée à 45 km/h en version de base et proposée en précommande à 5750 € HT. La voiture évoque la Citroën Ami , mais avec la particularité de ne se recharger qu’au soleil. L’entreprise entend aussi se développer sous l’angle du service avec un principe d’abonnement forfaitaire à environ 100 €/mois, et assure que la première série sera livrée au dernier trimestre 2021. Si l’idée de voitures solaires a été accueillie ces dernières années avec scepticisme par les médias, toutes ces start-ups semblent donc bien motivées à en faire une réalité. Reste à savoir ce qu’elles apportent, notamment au plan de l’équation énergétique. A en croire les constructeurs, le solaire est loin d’être un gadget. Produire des véhicules plus écologiques et répondant mieux aux nécessités de la crise climatique est l’ambition initiale, mais tous les fabricants de voitures solaires affirment également, avec force, que leurs véhicules s’avèreront à l’usage à la fois plus souples, plus autonomes et plus économiques. Quelques constructeurs traditionnels proposent dès aujourd’hui des équipements solaires en option. C’est notamment le cas de Hyundai, qui présentait en février 2021 une version de sa Ioniq 5 dotée d’un toit solaire .
Selon les endroits, « les panneaux solaires peuvent étendre son autonomie de 2000 km par an, ou environ 5 km par jour ». Même constat pour les futures véhicules sans chauffeurs. Tout cela laisse entrevoir une véritable explosion du marché des véhicules solaires. « Les concepteurs de véhicules qui n'envisagent pas encore de carrosserie solaire sont dingues », lance même IDTechEx. La cabinet d’études prospectives, expliquant que « l’adoption du solaire pour les véhicules est si rapide » qu’il a dû actualiser son rapport sur le sujet quelques mois après sa sortie, estime en février 2021 que le nombre de véhicules solaires vendus pourrait progresser de quelques milliers aujourd’hui à près de 3 millions en 2041. Un marché naissant, qui pourrait représenter près de 40 milliards de dollars dans vingt ans — 200 fois plus qu’aujourd’hui.
Jean-Marc WOLLSCHEID pour Grantomobil.fr et GT Auto Antilles !