Si à l’avenir nous voyagerons peut-être dans un avion à hydrogène, pour l’instant, celui-ci sert avant tout à produire de l’ammoniac utilisé dans l’agriculture pour fabriquer des engrais. « On utilise aussi l’hydrogène dans les raffineries pour supprimer le souffre des carburants ». L’hydrogène issu des hydrocarbures reste pour l’instant le plus facile et le moins coûteux à extraire, 95 % de sa production est issu d’énergies fossiles. Pour verdir l’hydrogène, il faut le séparer de l’eau. Mais l’électrolyse, technique utilisée pour détacher l’hydrogène de l’eau, « coûte chère et est très dépendante du prix de l’électricité », indique Olivier Joubert directeur au CNRS. Pour que l’opération soit un succès, il faut passer par un cercle vertueux où l’électrolyse est générée par des énergies renouvelables, donnant ainsi de l’hydrogène vert qui pourra servir à stocker ces mêmes énergies renouvelables. « Ce sont des énergies intermittentes. L’hydrogène apparaît comme un moyen de les stocker et ainsi lisser leur production sur toute une année ».
Au-delà du stockage, l’Etat a pour ambition, à travers son plan Hydrogène, de décarboner l’industrie en faisant émerger une filière française de l’électrolyse et développer une mobilité lourde fonctionnant à l’hydrogène renouvelable. Différents acteurs français misent déjà sur ces marchés comme l’entreprise nantaise Lhyfe, qui a récemment inauguré son premier site de production industrielle d’hydrogène par électrolyse de l’eau, avec de l’électricité d’origine éolienne locale. « Les objectifs fixés par l’Etat passent notamment par ces entreprises qui forment le tissu d’une technologie robuste sur lequel il faut miser », indique le directeur de la fédération de recherche hydrogène au CNRS.
Des avions à hydrogène d’ici 2035
La ministre de la Transition écologique Barbara Pompili a déclaré : « La France a la conviction que l’hydrogène décarboné sera l’une des grandes révolutions de notre siècle ». Nos usages seront toujours les mêmes, mais les différents transports pourraient voir leurs moteurs thermiques être remplacés par des moteurs à hydrogène. Airbus travaille notamment sur un avion à hydrogène qui devrait prendre son envol en 2035. Avant ça, l’hydrogène vert pourrait se faire une place dans notre quotidien. Les véhicules à hydrogène permettraient de raccourcir le temps de rechargement passant à 5 minutes, contre une trentaine de minutes pour les véhicules électriques actuels les plus performants. Mais Olivier Joubert l’assure : « Il faut du temps pour développer et démocratiser à grande échelle des systèmes aussi complexes ». Quant aux risques liés à l’hydrogène, le directeur rappelle que, « comme l’essence ou le gasoil, l’hydrogène est un combustible. Il y a des risques d’explosion. Mais il vaut mieux renverser de l’hydrogène qui se dilue rapidement dans l’air que de l’essence », assure le spécialiste. A suivre...