Elle a beau gagner du terrain, la voiture électrique continue néanmoins de susciter la méfiance des automobilistes français. Un rapport exhaustif publié par le cabinet Deloitte permet de dessiner les contours du modèle idéal pour les Gaulois réfractaires.

50 000 € maximum. En pleine crise énergétique, dans un contexte haussier pour le prix du carburant, c’est un chiffre choc : en 2022, 1 voiture neuve sur 10 vendue en Europe était électrique. Une sacrée avancée qui tend à prouver que les heures du thermique sont comptées, mais un chiffre néanmoins à relativiser, si l’on se fie à une récente étude publiée par le cabinet Deloitte, et qui livre les tendances clés de la consommation automobile grâce à un sondage dans 24 pays sur 26 000 consommateurs, dont 1000 Français.

Qu’apprend-on dans ce Global Automotive Consumer Study ? Que les automobilistes, majoritairement, penchent encore pour le thermique quand on leur demande quel sera leur prochain véhicule. Hormis en Chine (27%), les autres pays sondés ne sont en moyenne que 10% à pencher pour le 100% électrique sur leur prochain véhicule. Et en France, c’est encore pire : seulement 8%. Point positif, néanmoins : en additionnant les intentions d’achat pour les véhicules hybrides et électriques, la part des Français prêts à changer de motorisation monte à 43%.

Autre facteur clef pour les Français, sans surprise : le prix. 89% refusent de dépenser plus de 50 000 € pour un modèle électrique neuf. Selon eux, la bonne fourchette se situe entre 15 000 et 30 000 €, sachant qu’il faut à l’heure actuelle dépenser en moyenne 32 600 € pour une voiture thermique neuve, selon AAA Data.

Autonomie : minimum 400 kilomètres. Le Français étant par nature exigeant, il souhaite non seulement une voiture électrique bon marché, mais qui soit aussi puissante en autonomie. 79% des sondés espèrent ainsi que leur future voiture électrique neuve pourra rouler au moins 400 kilomètres sans recharge; un désir paradoxal quand on sait que la majorité des modèles actuels permettant de telles prouesses coûtent… plus de 50 000 €.

La maison doit être livrée avec. Le rapport Deloitte pointe une autre exigence pour les Français tentés par le 220 volts : le désir de se recharger à la maison. Au total, 65% souhaitent pouvoir se brancher à domicile; une exigence pas si délirante au regard de la hausse effarante du prix de la recharge sur les bornes publiques depuis le début de la guerre en Ukraine. Le fait que 40% des sondés soient inquiets quant à l’accès à ces mêmes bornes ne fait que conforter cette idée que le Français tient avant tout à son indépendance.
 

Attention aux retards de livraison. Last but not least, l’étude pointe qu’en France, “la décision d’achat est principalement basée sur la perception de la qualité du produit et la sensibilité au prix n’arrive qu’en 4e position après les options du véhicule et la popularité de la marque“. A cela se rajoute une donnée inédite et pourtant très concrète depuis le Covid-19 : le temps de livraison du véhicule neuf : 65% des sondés souhaitent (exigent?) une livraison entre 3 et 12 semaines; un délai au-delà duquel ils se tourneront vers la concurrence, en espérant qu’elle saura faire mieux.

Enfin, conclut l’étude, 8 consommateurs français sur 10 déclarent faire confiance à leur concessionnaire pour leurs achats. Preuve que même dans le “monde d’après”, certains repères restent solides pour conduire les automobilistes sur le chemin de la mobilité douce.