La voiture reste le mode de déplacement par excellence. Elle représente plus de 80 % des 1 000 milliards de kilomètres parcourus chaque année avec un véhicule motorisé1 selon le ministère des Transports (données 2022). On comptait 1,7 million de véhicules2 en circulation en 1946, trente ans plus tard, ils étaient déjà dix fois plus nombreux. Au début des années 1960, un tiers des Français disposent d’une voiture, en 1981 ils sont déjà plus de 70 %. En 2023, le parc automobile des particuliers compte près de 36 millions de véhicules.
Plusieurs indicateurs font apparaître un plafonnement de l’usage de l’auto. La part des ménages qui ont au moins une voiture stagne depuis dix ans autour de 80 %. Même chose – hors parenthèse Covid-19 – pour le nombre de kilomètres parcourus, qui se situent autour de 730 milliards par an3. Le nombre de kilomètres moyen par véhicule tend même légèrement à diminuer depuis les années 2000. Si le parc automobile a continué à s’accroître jusqu’en 2022, c’est que les ménages s’équipent de plus en plus d’une deuxième voire une troisième voiture.
Même en progression moins rapide, l’habitat périurbain contribue à la hausse du parc automobile et des déplacements en voiture. La durée des déplacements s’allonge, en partie du fait de la voiture (lire notre article). À l’opposé, dans l’hypercentre des grandes villes, le renchérissement du stationnement rend la voiture de plus en plus onéreuse. Les réseaux de tramway et les mobilités douces (vélo, trottinette, etc.) se développent. Sur plus longue distance, le covoiturage et l’essor du transport par autocar jouent aussi. L’usage de l’auto dépend enfin des fluctuations des prix des carburants avec des cycles de hausse et de baisse, mais qui, sur le long terme, augmentent en réalité à peine plus que la moyenne des prix.
La voiture a transformé nos sociétés, apportant une liberté de déplacement sans précédent, élargissant l’horizon du marché du travail, des sorties, des vacances et de la sociabilité. L’accès à l’automobile est devenu un marqueur de l’autonomie et de la position sociale. Mais l’automobile coûte cher à celui qui la possède ainsi qu’à la société du fait de l’ampleur de la pollution, des nuisances sonores, des accidents, etc. Dans les conditions actuelles, le niveau d’équipement des ménages des pays riches appliqué à l’ensemble de la planète n’est peut-être pas écologiquement supportable.