L’Europe est une terre d’automobile
Née à la fin du vingtième siècle en Europe, grâce aux inventions en 1862 de Lenoir et de Beau de Rochas, l’industrie automobile française, grâce au moteur à essence, a rapidement conquis le monde en prenant le leadership en Europe avant d’être dépassée par les États-Unis dès 1909. En 1914, la France compte 155 constructeurs haut de gamme alors que les États-Unis font le choix d’une industrie de masse et populaire. Dès 1919, Louis Renault et André Citroën rivalisent pour adopter dans leurs usines les principes de rationalisation industrielle nés chez Ford aux États-Unis.
L’adoption des chaînes d’assemblage, le passage à la carrosserie tout acier qui permet l’introduction des presses et machines-outils, vont changer l’industrie. Les constructeurs français sont à l’avant-garde de l’innovation avec des modèles emblématiques comme la Traction Citroën, lancée en 1932, première traction avant au monde qui était tout en acier. En 1929, on peut lire dans les Annales de géographie : « En 1927, nous avons exporté 52.000 autos et importé 16.000. La fabrication française de l’automobile est une des plus remarquables et des plus puissantes industries du monde, États-Unis exceptés. Son développement est un des aspects les plus frappants de notre histoire économique au xxe siècle1 ».
En 1939, malgré une production inférieure à celle de 1929, 140.000 salariés travaillent en France dans l’industrie automobile dont 120.000 en région parisienne soit 75% de la production automobile française partagée entre cinquante constructeurs. Dès la Libération, le secteur automobile français se reconstitue sous l’impulsion du gouvernement qui décide, par le plan Pons, de spécialiser les constructeurs par niveau de gamme et de pousser la rationalisation industrielle et l’exportation. Le but, dans un contexte de pénurie, est de réduire la diversité en diminuant de 54% le nombre de modèles et de ramener de 121 à 16 le nombre de types de véhicules industriels. Panhard et Renault se voient confier l’entrée de gamme, Peugeot le milieu de gamme et Citroën le haut de gamme. En fait l’insistance de Citroën pour être présent dans l’entrée de gamme avec sa 2 CV et l’effondrement rapide des autres constructeurs comme Hotchkiss, Salmson, Delahaye, va clarifier le paysage industriel à la fin des années 1950. Le parc automobile français va croître de 2,5 millions de voitures en 1953 à 15,5 millions en 1975. Les industries allemandes et italiennes sont à reconstruire et seuls les Britanniques redémarrent leur production avec l’avantage de bénéficier de matériel industriel moderne issu des États-Unis. C’est une situation bien différente qui se construira dans les décennies de croissance jusqu’au choc pétrolier de 1973-1974.
L’Europe demeure une terre de production automobile
Cette tradition automobile a donné naissance sur le sol européen à une industrie puissante et diversifiée qui a un poids majeur au niveau mondial. Sur les 76 millions de véhicules produits dans le monde en 2023, l’Union européenne se situe au deuxième rang avec 12,1 millions de véhicules, derrière la Chine (25,3 millions), mais largement devant les États-Unis (7,6 millions), le Japon (7,7 millions), l’Inde (4,6 millions) et la Corée du Sud (3,9 millions). Avec 83,4% des volumes, les voitures individuelles représentent l’écrasante majorité du nombre de véhicules produits en Europe…