Automobile et UE, un processus permanent de transformation

Les effectifs de l’industrie automobile, qui, avec la reconstruction et la réorganisation des constructeurs, avaient cru continuellement de 175.000 emplois entre 1967 et 1974, atteignent en 1978 leur maximum historique en France avec 350.000 salariés à temps plein chez les constructeurs, soit 15% de l’emploi industriel. Au cours de la décennie 1980, les constructeurs vont perdre 100.000 salariés, soit un tiers de leurs effectifs. L’industrie automobile joue dans l’économie un rôle structurant majeur. Un emploi direct chez les constructeurs automobiles génère quatre emplois, en amont (sidérurgie, plasturgie, caoutchouc, verre…) comme en aval (distribution et maintenance).

L’industrie automobile européenne a engagé dès les années 1980, avec l’ouverture à l’Est et le développement de l’Espagne, une migration de ses capacités de production de son cœur historique vers la périphérie. Le pourcentage de production est ainsi passé de 74% en 1991 dans les pays du cœur historique de l’industrie automobile à 54% en 2020.

L’industrie européenne de l’automobile se répartit donc maintenant en quatre blocs de pays producteurs (voir figure ci-dessous). Les 13 millions de véhicules (voitures, véhicules utilitaires légers, camions, bus) produits en 2022 sont ainsi distribués :
– le noyau central, en contraction, regroupant les pays historiques qui disposent d’une chaine de valeur complète, avec l’Allemagne (3,7 millions de véhicules produits en 2023), la France (1,4 million), l’Italie (782.000), le Royaume-Uni (775.000), la Suède (287.000) ;
– une zone périphérique, centrée sur les usines d’assemblage et de moteurs, en croissance, avec l’Espagne (2,2 millions), la République tchèque (1,2 million), la Slovaquie (970.000) ;
– un ensemble de pays nouvellement intégrés dans les flux de production : la Roumanie (509.000), la Hongrie (453.000), la Pologne (451.000) ;
– un groupe de pays de production limitée, comprenant le Portugal (321.000), la Belgique (282.000) et les Pays-Bas (164.000). Malgré sa sortie de l’UE, le Royaume-Uni reste un acteur majeur puisqu’il demeure le premier exportateur de véhicules en direction de l’UE et le premier importateur de véhicules produits dans l’UE.

Au total, en 2023, 10,5 millions de véhicules ont été immatriculés dans les pays de l’UE pour un excédent commercial qui s’élève à 90 milliards d’euros. On peut ajouter dans le même ensemble de cohérence économique la Turquie (1,35 millions de véhicules en 2022) et le Maroc (465.000) qui sont fortement intégrés dans le système global de production des constructeurs européens. De ce fait, l’impact de l’électromobilité va se faire connaître dans cette périphérie, ce qui préoccupe les responsables de pays comme la République tchèque, la Slovaquie, la Roumanie, la Hongrie. 

En 2023, avec 2,8 millions d’immatriculations, l’Allemagne a représenté 27% du marché européen, devant la France (1,7 million), l’Italie (1,5 million) et l’Espagne (0,9 million). En revanche, l’Allemagne produit sur son sol 32,6% des véhicules produits dans l’UE.

En effet, l’industrie allemande a la particularité, unique, d’avoir conservé sur le territoire allemand de nombreuses usines tout en développant ses capacités de production aux États-Unis et en Chine. Le groupe Volkswagen, allié avec SAIC et FAW possède 12 usines d’assemblage, a produit en Chine 3 millions de véhicules, ce qui est à la fois une performance et une vulnérabilité. Mercedes et BMW y produisent également chacun environ 600.000 véhicules par an.

 

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