Automobile et niveau de vie : qui achète quoi ?

Acheter une voiture neuve électrique est un luxe réservé aux plus aisés, tandis que les plus modestes achètent plus souvent des véhicules d’occasion ayant beaucoup roulé. La voiture est un marqueur social et un enjeu des politiques climatiques. Extrait du Centre d’Observation de la société.

Chaque année, les Français achètent six millions de voitures neuves ou d’occasion, selon le ministère des Transports [1], une pour cinq ménages environ. Si l’usage plafonne [2], le budget des ménages consacré à l’automobile – à leur achat mais aussi à leur entretien – est considérable. C’est aussi un objet d’attentions permanentes de la part de ceux qui en possèdent, et un marqueur social.

Le type de voiture que l’on possède dépend des moyens dont on dispose. Les véhicules neufs représentent plus du quart des achats des 10 % les plus riches, contre seulement 4 % pour les 10 % les plus pauvres. Les proportions sont inversées pour les véhicules anciens : ceux qui ont entre 15 et 20 ans d’âge constituent 24 % des achats du dixième le plus modeste, contre 5 % des plus aisés.

Ces données masquent le fait que les 10 % les plus riches achètent globalement davantage de voitures que les 10 % les plus pauvres, qui n’ont souvent pas les moyens d’en posséder une. Elles mélangent aussi des achats de véhicules qui n’ont rien en commun : entre une Dacia Sandero (un des véhicules les moins chers du marché) et une Audi Q4 haut de gamme, il y a un monde et plusieurs dizaines de milliers d’euros d’écart. Avec des conséquences notables en matière de confort lors des déplacements, de fréquence des pannes et de sécurité sur la route, notamment [3]. Pour les catégories les plus modestes, la peur de la panne, de l’échec au contrôle technique ou de l’accident constitue une préoccupation bien plus importante que pour les catégories aisées.

On ne dispose pas de données détaillées sur les gammes de véhicules achetés selon le niveau de vie. En revanche, celles qui concernent les ventes de voitures tout-électrique sont édifiantes. Celles-ci représentent 1 % des achats des plus pauvres contre 8 % des plus riches. À l’avenir, le parc automobile devrait de moins en moins dépendre des carburants fossiles du fait de la baisse des prix des véhicules électriques liée à l’augmentation de la taille des séries pour les constructeurs, et du développement de ce marché d’occasion.

Pour l’heure, on comprend le dilemme posé à notre société. Réduire l’usage de l’automobile et moderniser le parc sont des impératifs si l’on veut faire baisser les émissions polluantes et sauver des vies. Mais exclure les véhicules les plus anciens de certains territoires (les zones à faible émission dans les métropoles) va pénaliser les ménages modestes. Il faut s’attendre à des contestations de taille compte tenu de la place qu’occupe toujours la voiture dans la société française. Ceci d’autant plus qu’on ne cherche pas à interdire la production des véhicules les plus lourds et puissants, gros consommateurs d’énergie.

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